Suite à deux années de préparation et de négociation intensives, quatre communautés
ANICINAPE regroupées au sein de l’organisation MINO OBIGIWASIN ont finalement
conclu une Entente avec le Centre intégré de Santé et de Services Sociaux de l’Abitibi-
Témiscamingue (CISSSAT) et, à titre d’intervenant, avec le Gouvernement du Québec.
Cela, pour la fourniture des Services Enfance & Famille ANICINAPE, en protection de la
jeunesse et en justice pénale pour les adolescents.
Cette étape nécessaire à la prise en charge de ces services par les ANICINAPE marque l’histoire de cette démarche fondamentale qui vise à procurer aux jeunes et aux familles des services sur mesure adaptés aux réalités culturelles et familiales ANICINAPE.
Cette démarche découle de la volonté des ANICINAPE de prendre eux-mêmes en charge leurs enfants, car nous sommes nos propres experts.
Malik Kistabish, président du conseil d’administration de MINO OBIGIWASIN, est satisfait de la collaboration avec le CISSSAT : « les négociations se sont déroulées dans le respect. Tout est maintenant en place, tant au niveau légal que financier, afin de poursuivre et accélérer le processus de transition de ces services de la Direction de la protection de la jeunesse en Abitibi-Témiscamingue vers MINO OBIGIWASIN. »
L’équipe actuelle compte une vingtaine de personnes et verra sa force de travail
augmenter à près de 90 employés d’ici 2021.
Cette entente est définitivement marquée d’un message d’espoir pour les familles et les jeunes ANICINAPE. Depuis trop longtemps, les services de protection à la jeunesse furent déconnectés des réalités familiales autochtones. Quoi qu’il en fût des intentions, l’écart culturel n’a jamais été comblé, ayant pour résultat des pratiques cliniques inadaptées et inefficaces. « Ce constat de longue date deviendra un mauvais souvenir. Les services que nous organisons présentement seront de loin plus favorables pour les enfants, adolescents et familles ANICINAPE. Les pratiques actuelles de la protection de la jeunesse seront remplacées par une approche plus sécurisante pour les ANICINAPEK. Il y a tout lieu de croire que les résultats apporteront plus de respect pour les personnes, plus de sérénité pour les familles et ultimement, de meilleures perspectives d’avenir pour les enfants », rapporte Malik Kistabish.
Loi C-92
Bien que l’Entente signée donne les coudées franches pour aller de l’avant, les communautés signataires ne peuvent pas passer sous silence le fait que l’Entente ne considère pas la loi fédérale C-92. Cette loi, sanctionnée par le Gouvernement du Canada le 21 juin 20192 concerne les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et confirme les droits et la compétence des peuples autochtones en matière de services à l’enfance et à la famille.
Le Gouvernement du Québec est la seule province canadienne à contester cette loi. Or, ils ont refusé de l’inclure aux considérants de l’Entente. Il s’agit d’une occasion manquée sur le chemin de la réconciliation. Les membres du conseil d’administration de Mino Obigiwasin espèrent que le Gouvernement du Québec va revenir sur sa décision d’avoir contesté la loi C-92.
Quoi qu’il en soit, les communautés autochtones relèvent de la juridiction fédérale et elles feront en sorte d’exercer les pouvoirs que leur procure cette loi, soit de créer leur propre loi de protection de la jeunesse.